Catherine Val
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Catherine Valogne, journaliste et écrivaine née en 1924
Catherine Valogne a participé à la Libération comme brancardière. La France ayant besoin de vie et d’art dans toutes ses expressions, elle écrit des contes, et des chroniques sur les spectacles dans Arts et Ce soir. Elle aime le théâtre et dirige une collection sur le sujet, elle commande des textes et publie elle-même un Jean Vilar et un Gordon Craig.
A la demande de Louis Aragon en 1953, Pierre Descargues et Catherine Valogne rejoignent les Lettes françaises jusqu’à la fin de leur parution en 1972. Aragon leur laisse carte blanche, lui se gardant les lettres et la pensée.
Depuis 1953, ils dirigent les pages parisiennes et littéraires de la Feuille d’Avis de Lausanne et de La Tribune de Lausanne.
Pour la presse, Pierre et Catherine vont photographier des personnalités du monde des arts, de la littérature et de spectacle: Jeanne Moreau, Marguerite Duras, Bernard Buffet, Niki de Saint Phalle, Maria Casarè, Xenakis…. Vu Vus, Vues, aux Editions du Cercle d’Art en 1998 propose quelque deux cents de leurs clichés parmi les milliers qu’ils ont pris.
Catherine Val grandit dans le Quartier Latin, les tapisseries du Moyen-âgee du musée de Cluny et les serres du Jardin des Plantes. Elle commence très tôt à peindre, avant d’avoir des activités littéraires et journalistiques. Elle reprendra la peinture vers 1967. “Les grands courants marins, les trajectoires du vent, les convulsions de la terre, les paysages fantastiques offerts par les nuages vus d’avion, voilà avec quoi je tente de pactiser.”
En 1974, l’architecte Claude Parent lui commande, pour éviter les graffitis, la décoration d’un mur aveugle d’un immeuble de la Sécurité Sociale qu’il construisait avec André Remondet, rue de la Mouzaïa à Paris. Elle propose alors un graffiti pérenne, classé avec l’immeuble Monument historique. Il est salué par toute la presse: 29 mots écrits à la main, agrandis et coulés dans le béton – Homme, Sérénité, Bleu, Calme, Eté, Vent, Espoir…- qui permettent à chaque passant de bâtir son propre poème.
Ce travail la conduira à découvrir dans les détails de l’écriture tout un univers où sens et forme fusionnent. Certains mots ont pour elle une importance particulière: Amour, Amitié, Etre, Liberté, Paix, Vie… Elle les explorera dans des matériaux divers: en volume avec du bois, aluminium, résine chargée de poudre de marbre, pâte de verre, bronze, sur le papier, avec de l’encre de Chine.
1986-… Bronze
Au début, il y a les plus simples des lettres, celles venues d’un souffle vital : les Voyelles. Puis, au fil des ans, les pièces deviennent plus complexes. Catherine Val acquiert une maitrise des volumes, et les mots deviennent théâtres, chapelles et sanctuaires.
Il y a 33 Chapelles dont Chapelle de la Joie, qui fait chanter les verts et les jaunes de sa patine que le temps a installé au cœur même du métal. Etre où s’organise une danse des courbes des « e » et du « r » autour d’un « t » fier et majestueux. Il y a là, par la force du mot sculpté, et sans qu’aucun autre ne soit nécessaire, quelque chose qui vaut plus que tout discours. Catherine Val connaît la force suggestive des volumes et au fil des ans, elle a acquis une maîtrise qui lui permet de tout oser. Il y a 20 Sanctuaires où pour exprimer la douleur et l’épreuve, elle utilise des os, desquels surgit une force positive où la vie reprend ses droits comme dans le Sanctuaire des Solitudes où semble se lever la figure d’une énigme… Puis 20 Sorties du chaos. Les mots qui l’inspirent sont ceux de la vie, à commencer par le mot Vie lui-même dont le « V » vole et bondit. Il y a aussi Amour, qu’elle traite avec pugnacité ou, au contraire, comme en le caressant ou Le signe de la vie et de la mort avec le mot Souffle à l’endroit et à l’envers, aspiré/expiré.
Œuvres d’amitié ou d’admiration, elle réalisera plus d’une centaine de Flambeaux en bronze, portraits de proches et d’estimés qu’elle nomme les Flamboyants. Elle cherche alors à ce que le nom qu’elle sculptre reflète le caractère de la personne, comme celui de Karajan aussi vigoureux et mutin que ses orchestrations ou celui de De Gaulle reconnaissable à ses deux bras levés, qui, aux dimensions monumentales, se retrouve depuis peu à côté de Mao Zedong dans un parc à Canton.
Pour que la présence de ses sculptures soit maintenue au cœur même de la nuit, elle aménage dans la plupart de ses pièces une petite place pour une bougie, qui, dans la nuit ou le noir, fera vibrer l’œuvre aux rythmes des vacillements de la flamme…
Et il y a aussi ses bijoux qui sont portés dans le monde entier.
A 15 ans, à Picasso à qui elle faisait remarquer qu’il s’habillait mal, elle avait monté ses intentions en lui montrant ses premiers dessins. « Avant de peindre les âmes, il faut peindre le corps ». Elle n’aura pas écouté le maître et c’est à l’âme des mots qu’elle aura consacré sa vie.
Sa première exposition importante s’organise à l’étranger, au musée de Lodz (Pologne). Frank McEwen acquiert le plus grand de ses triptyques pour le musée de Harare (Zimbabwe). Le musée des beaux-arts de Hiekka à Tampere (Finlande) réunit un ensemble important de ses œuvres.
Alin Avila